Cela fait des lustres que je n’ai pas proposé des balades et des escapades.
Et pourtant, j’en ai tellement à vous dire sur nos dernières vacances en Bretagne et en Normandie. C’est prévu pour les 6 mois à venir, histoire de réchauffer l’atmosphère.
Cette fois-ci, je propose une journée de découverte, avec une randonnée magique et la découverte de deux bourgs terriblement cosy.
En plus, c’est les vacances scolaires et pour le moment, le temps est encore propice à de belles journées. Même s’il va se raccourcir.
C’est parti pour la contrée d’Uzès dans le Gard
Mais tout en douceur, naturellement. Sur des airs de contes.
1 – Les concluses de Lussan
Avez-vous déjà fréquenté des géants?
Personnellement non. Cependant, j’ai récemment visité une de leurs maisons. Et oui, parce qu’ils en ont aussi en Bretagne, en Corse… Et on ne s’est pas encore rendu aux Pays basques, mais je suis sûre qu’ils ont squattés là-bas aussi.
Les Concluses de Lussan, c’est un canyon creusé par la mer, il y a des millions d’années. Il s’est fait le lit de la rivière de l’Aiguillon. Ces Concluses peuvent être vécues de deux façons. Soit par temps encore humide, automne et printemps, où le canyoning y est possible. Soit par temps sec, ce qui permet de se balader dans le lit de la rivière, au beau milieu de ces falaises karstiques.
Une concluse est une gorge creusée par la force de l’eau, de l’air, et du gaz carbonique, sur ce calcaire crayeux d’origine maritime. Attention, ça ne se fait pas en 5 minutes, les enfants. Et c’est d’ailleurs cela, qui rend le site si imposant et splendide. Cela crée des fissures, des trous, des creux et des cavités sur des hauteurs assez vertigineuses. Ces jolies cavités sont appelées marmites de géants. D’où cette ambiance à la fois impressionnante, mais du coup paisible.
Alors non, je n’ai jamais côtoyé de géants, de fées, d’espiègles farfadets. En tout cas, moi, je n’en connais pas, mais je peux vous dire qu’ils ont là, une chouette maison avec de jolis terrains de jeux.
La balade commence sur un parking en contrebas. On peut décider de partir par la gauche et de profiter des vues depuis le belvédère. Cela donne déjà une sacrée idée de ce que le passage de l’eau a eu comme influence sur la roche. Magnifique.
Le chemin est largement aménagé et facilement praticable jusqu’à la descente au portail des Concluses, où votre bouche va tomber d’ahurissement.
Sur le chemin, il y a de nombreux panneaux explicatifs. Ils peuvent être complétés par un fascicule fourni par les Offices de Tourisme les plus proches. Vous y trouverez des informations complémentaires sur cet environnement.
On circule dans un paysage à mi-chemin entre petites forêts de chênes, de buis et de cades et de garrigue haute. Le site a été répertorié Natura 2000 pour sa biodiversité « oiseaux » et notamment en rapaces. Plus de 23 espèces tournoient et nichent au dessus de nos têtes, dont l’aigle de Bonelli. Et je vous jure, que je suis sûre, et que je suis certaine, que à 100% les yeux fermés, j’en au vu un, ce jour-là. Si, si, si, si…
Donc vous descendrez gentiment vers ce portail magique. Là, toute la magnificence des Concluses vous pèsera sur les épaules, et la fascination aidante, vous ressentirez une belle sensation d’humilité profonde et un apaisement sensoriel puissant.
Vous pouvez alors choisir de retourner à la voiture, ou bien de continuer vers la Pierre Plantée.
Je vous avertis qu’à partir de ce moment là, le chemin est très pierreux et pentu par endroit. Attention aux personnes, qui auraient mal aux genoux ou les mollets fragiles. Vous pourrez le faire, mais à votre rythme et sachez cependant que pour les non initiés, il faudra par moment gravir un peu. Le retour sera envisageable, avec quelques accroupissements… Bon, pour les pros, c’est de la gnognotte, évidemment.
Et par pitié, ne partez pas en sandalettes.
Je me demande vraiment ce qui peut passer par la tête des gens, qui vont randonner sur sentier avec des chaussures pourries. Les gars, outre le fait que vous vous foutez en danger, vous vous ruinez les articulations en plus. Faudrait m’expliquer la plus-value franchement.
Le site de la Pierre plantée, c’est un menhir, qui témoigne des traces humaines à compter de la Préhistoire. Et là, encore il y a une jolie légende, qui raconte que cette pierre aurait été lâchée du ciel par des anges. Alors qu’ils étaient en train de construire des passages vers Pont Saint Esprit, un groupe d’anges revenant du Rhône en aurait rencontré un autre, portant cette pierre. Les premiers avertirent les second que le chantier était fini et de fait, les anges se délestèrent de cette pierre de 5.6 mètres, alors qu’ils se trouvaient sur le site des Concluses. J’espère quand même qu’aucune personne ne se trouvait en dessous [wp-svg-icons icon= »tongue » wrap= »i »].
De là haut, il y a de la place pour pique-niquer. Sur le chemin du retour, j’avais un peu les miquettes de redescendre sans me faire mal. Alors je me suis lancée toute seule, et j’ai abandonné tout le monde. J’ai vécu un super moment, seule dans une méditation, concentrée sur mon chemin de retour, pleinement présente à mon corps. Il n’a pas été si dur, et je dois dire que j’ai été prise la féérie des lieux. Entre clairière éparse et fleurs diverses, je me suis sentie légère comme une plume. Il m’est presque venu à l’idée que j’allais trouver un ange, assis au bord du chemin, en train de contempler les cistes. Et quand je suis arrivée sur le haut du cirque, je me suis sentie libérée. J’ai aperçu des oiseaux. On n’entendait d’ailleurs que leur cri entre les falaises. Ce fut un véritable moment de grâce, qui je l’espère vous touchera aussi.
2 – Lussan
Ce 24 septembre 2016, la commune de Lussan a été classée parmi la liste des 155 « Plus beaux villages de France ». Soit 2 jours après notre passage. Et comme beaucoup de communes couronnées, Lussan doit certainement une partie de ce prix à son emplacement privilégié. Perchée sur un piton rocheux, elle domine une belle plaine de garrigue, enchâssée au loin par des montagnes et des collines. Une très belle campagne s’étend alentours.
La balade dans les Concluses se fera facilement en 4 heures en moyenne, pique-nique compris.
C’est une petite citée médiévale, entourée de remparts dont on peut faire le tour complet. Je n’ai pas vraiment envie de vous faire un cours magistral sur son histoire et sa situation. Juste vous dire que la commune se trouve sur le triangle Uzès, Alès, Bagnols, histoire de le situer.
J’ai plutôt envie de vous donner des raisons de vous y rendre. Cela fait parti des villages, où le temps s’arrête facilement. Vous savez? La parenthèse émotionnelle. L’instant du temps, qui suspend son vol. Le bruissement du vent, le soleil prenant, la beauté d’un espace préservé par son authenticité.
Les ruelles de Lussan sont toutes fraiches, toutes propres, toutes charmantes. Je pense que les habitants ont compris leur chance et mettent un point d’honneur à prendre soin de leur village.
Au détour d’une rue, une maison d’hôte absolument charmante, qui doit certainement accueillir chaleureusement les amoureux, pour un week-end de découverte du pays d’Uzès. Les avis sur Tripadvisor sont très encourageants.
Des fleurs, des buissons, des enduits a secco, de la pierre, des poutres, des volets de couleurs, et un calme olympien. Cela contraste un peu avec le prime abord, où depuis le bas, le village semble un peu dur à appréhender. Comme une forteresse imprenable. Tellement haute. Certainement sa fonction principale de l’époque. Mais la rugosité n’est pas forcément déplaisante. On en veut pour preuve la forge, installée dans les pentes du village, qui a essaimé tout autour du village des œuvres symboliques et des chats coquins contre sa devanture.
Que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée.
André Gide, dont la famille était enracinée à Lussan depuis le 16ème siècle.
Ah oui, j’allais oublier. A Lussan, on fait de la pintade végane. 😉 Et oui, il y a un céramiste, qui se concentre sur une production de poterie de volailles : Les céramiques de Lussan. J’ai failli craquer sur une pintade aux couleurs grises et bleues. J’ai rangé cette envie dans un coin de ma tête.
3 – Uzès
Nous n’avons pas passé beaucoup de temps à Uzès, et je le déplore ardemment. Je suis tombée sous le charme de cette ville, quasi instantanément. Je l’ai trouvé lumineuse, vivante, et attachante. Nous nous sommes promenés dans le cœur de la ville. De ce bourg, je ne connaissais que l’usine de bonbons, visitée il y a maintenant des lustres. Les potiers étaient pour moi, situés à Anduze.
Je me suis sentie à l’aise immédiatement. J’ai adoré me perdre dans ses ruelles, où j’ai ressenti beaucoup de vie et de possibilités. La très belle place aux Herbes, des bâtiments sous voûte, des traces de l’époque médiévale, Uzès la Huguenotte, des rénovations, une pointe de contemporain bien placée et l’harmonie se fait très facilement.
Sous toutes ces arcades, plein de petits échoppes aux enseignes supers sympas, qui donnent à voir autre chose que du marketing vu et revu. Des tables et des cafés très attractifs. Sur un petit air de légèreté protégée par l’ancienneté de ses murs.
Malgré notre court passage dans cette ville, qui ne saurait en appeler un autre nettement plus long une autre fois, nous avons toutefois pris le temps de flâner et je suis tombée sur une vraie caverne d’Ali-Baba.
Les poteries CR Uzès, rue Jacques d’Uzès : c’est un appel du pied vers l’art de la simplicité d’une beauté minimaliste. La beauté de ces céramiques, surtout celles remplies de kalanchoe thyrsiflora, comment vous dire… Des plantes sublimes, à la limite de la perfection dans une boutique tout petite, remplie jusqu’à la gorge, donnant sur une arrière-cour, comme une forêt vierge. Je ne savais plus où donner de la tête.
Et si les fleurs et plantes sont choisies avec un goût exceptionnel, il n’en reste pas moins que les céramiques sont à tomber. Réalisées selon un tournage manuel, montées à la corde, dans le plus pur respect de la tradition et de l’art du séchage. Je suis tombée en pâmoison devant les céramiques dites « antiques », et surtout celles aux patines de terre noire.
Je rêve, de m’offrir un jour un grand pot antique, à la patine foncée et émaillée de rouge ou d’orange. Splendeur brute. C’est comme la pintade de Lussan. Je l’ai rangé dans un coin de ma tête, et ils ressortiront par un jour de grand acquisition.
Avant je rêvais de m’offrir un Kelly de chez Hermès, mais ça, c’était avant.
Rêve, rêvons, rêvez…
Entre géants, anges, mystères, et terre brute et volets bleus, je vous encourage à découvrir ce pays aux multiples beautés.
Bien à vous.
Delphine
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